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1829 : TROP D'ACCIDENTS SUR LE CHEMIN DE CHAMBORD !


"Le défaut d’entretien et de réparation du chemin en question fait un préjudice notable à la commune de Bracieux, attendu que ... le nombre d’acheteurs [au marché] n’est pas aussi grand"

 Le maire, Chauvigny, se plaint dans 3 courriers successifs de l'état du chemin de Chambord...



28 janvier 1829

« Il y a longtemps que le chemin de Bracieux à Chambord par la forêt de Boulogne est dans un très mauvais état, mais surtout depuis que l’administration forestière a fait faire des fossés de chaque côté pour empêcher les voituriers de s’écarter dans la forêt, ce chemin est devenu tellement impraticable qu’il est impossible d’y passer sans s’exposer aux plus grands dangers ou risquer d’y périr.

Voici des faits qui justifient ce que j’ai l’honneur de vous annoncer :
Dernièrement, un charretier ayant voulu passer dans ce chemin a manqué d’y perdre son cheval, qui, s’étant enfoncé profondément dans l’argile n’a pu en être arraché qu’avec beaucoup de peine et a eu une jambe cassée.
Un marchand de volailles d’Orléans est resté dans le même chemin avec une voiture vide et a été obligé de prendre plusieurs chevaux pour l’arracher du bourbier. Beaucoup d’autres personnes ont eu également bien de la peine pour en sortir.
Cet état de choses a donné lieu à plusieurs plaintes de la part des maires des communes environnantes, tous les habitants sont obligés de passer par ce chemin pour se rendre au marché de Bracieux. C’est ce qui a déterminé M l’adjoint de cette commune à aller à Blois dernièrement avec plusieurs maires pour avoir l’honneur de vous voir et vous faire part des dangers que ce chemin présentait pour les voyageurs.

Il est donc de la plus grande urgence de chercher tous les moyens possibles pour prévenir les malheurs qui pourraient arriver aux personnes qui s’engageraient dans un chemin aussi périlleux, Et je pense que dans ce cas, l’administration forestière ne peut empêcher les voituriers de s’écarter dans la forêt ; car l’article 41 Titre 2 du code rural du 6 octobre 1791 porte que les voyageurs et voituriers ont le droit de passer sur les propriétés riveraines, lorsque le chemin ordinaire est impraticable ; or il n’est pas difficile de prouver que le chemin de Chambord est en mauvais état.

Le défaut d’entretien et de réparation du chemin en question fait un préjudice notable à la commune de Bracieux, attendu que les marchandises et autres denrées que l’on tirait habituellement de ses marchés pour Paris, Orléans et autres endroits ne se vendent pas avec le même avantage parce que le nombre d’acheteurs n’est pas aussi grand.
Je vous serai donc obligé, Monsieur, de vouloir bien m’indiquer ce que j’ai à faire dans cette circonstance pour mettre fin aux réclamations qui me sont faites journellement relativement au chemin dont il s’agit.

Agréez, Monsieur, l’assurance de mon parfait respect.

Le maire de Bracieux, Chauvigny »


30 janvier 1829

« Par ma lettre du 28 du courant, j’ai eu l’honneur de vous annoncer que le chemin de Bracieux à Chambord était impraticable mais depuis le dégel personne ne peut plus y passer. Jeudi dernier beaucoup de voitures et autres individus se rendant au marché de Bracieux, ont été obligés de rétrograder, ne voulant pas s’exposer à périr dans un chemin aussi mauvais. Il devient donc absolument nécessaire de procurer de suite un autre chemin en attendant la réparation de celui dont il s’agit. On pourrait dans ce cas combler le fossé d’un côté de la forêt dans une étendue suffisante pour le passage des voitures. Par ce moyen les voyageurs pourraient s’écarter dans la forêt sans faire tort au bois dans cet endroit où les arbres sont très éloignés les uns des autres. 

Veuillez donc, Monsieur, répondre à la lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire dernièrement ou, d’indiquer à Monsieur l’adjoint porteur de la présente ce que je dois faire dans cette circonstance pour que les intérêts de la commune ne soient pas compromis plus longtemps car depuis que ce chemin est si dangereux, les marchés de Bracieux ont considérablement diminué.

Agréez, Monsieur, l’assurance de mon parfait respect,

Le maire de Bracieux, Chauvigny .»


6 février 1829

« Vous me faites connaître par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 31 janvier dernier, que vous avez invité M. L’Inspecteur de tolérer le passage des voyageurs dans la forêt de Boulogne jusqu’à ce que le chemin de Chambord traversant cette forêt soit réparé. Mais en attendant que M l’Inspecteur réponde à la lettre que vous avez eu la bonté de lui écrire, il serait pourtant de la plus grande nécessité de mettre fin aux accidents fâcheux qui arrivent fréquemment sur une partie de ce chemin.

Ce motif m’engage, Monsieur, à vous écrire de nouveau, pour vous demander si l’on peut sans inconvénient combler le fossé qui borde le chemin en question et donner la facilité aux voyageurs de passer dans la forêt puisqu’il n’existe aucun autre chemin ? pour arriver à Bracieux. Je vous prie d’avoir la bonté de me répondre de suite, s’il en est possible.

Pardonnez-moi, Monsieur, si je vous importune si souvent pour le même sujet ; je ne le fais que dans l’intérêt de la commune et du public et je serais fâché qu’il arrivât des malheurs, faute d’avoir fait tout ce qui dépend de moi pour les prévenir. 

Agréez, Monsieur, l’assurance de mon profond respect,

Le maire de Bracieux, Chauvigny »


Source : Archives municipales - Registre des courriers

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