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1688 UNE REYNE A BRACIEUX

1688. Grand jour pour Charlotte… cela fait déjà 6 ans déjà qu’elle s’active au sein de la Confrérie Notre-Dame du Rosaire de Bracieux, comme c’est d’ailleurs la tradition dans la famille BOURDONNEAU : les femmes sont membres de la Confrérie du Rosaire et les hommes frères de la Confrérie du St Sacrement.  A la confrérie du Rosaire, Charlotte retrouve sa mère, Magdeleine BOURDONNEAU, sa sœur, Magdeleine, ses tantes maternelles, Anne et Marguerite DEFAINS, sa tante paternelle, Marie BOURDONNEAU, ses cousines…

Et aujourd’hui est un jour important : comme chaque année, les sœurs doivent élire leur reine. L’an dernier c’était sa tante Marguerite DEFAINS. Cette année, Charlotte BOURDONNEAU sent qu’elle a toutes ses chances...



L'autel de la vierge reconstruit au XIXe
  
1. Le culte de la Sainte Vierge est très ancien à Bracieux.

Une chapelle dédiée à la Sainte Vierge existait il y a fort longtemps. Elle est citée en 886, lors d’un échange de terres entre Epieds et Bracieux, échange qui porte sur « sept menses avec les hommes et femmes de corps qui y étaient attachés, plus une chapelle en l’honneur de la vierge Marie, le tout sis à Bracieux, dans le territoire de Blois » (1)


Au milieu du XVIIe, il y a dans l’église, un autel dédié à Marie comme en témoigne le curé Mariau, puisqu’il inhume en 1652 « Marguerite Niece proche l’Autel Notre Dame » et en 1659 « l’enfant à Jacob, proche l’Autel Notre Dame ».

Lequel autel Notre-Dame est rénové en 1661, puis au XIXe.


2. La Confrérie du Rosaire est mentionnée à Bracieux à partir de 1682

Il existe dans le Blaisois plusieurs confréries très anciennes, dédiées à Notre-Dame. A Bracieux, c’est à partir de 1681 que la confrérie du Rosaire est mentionnée.

Michel RANGEARD tout juste nommé curé de Bracieux après le décès de son prédécesseur, se préoccupe dès mai 1681, d’installer la confrérie du Rosaire, à l’instigation d’Antoine de Simon archidiacre de Blois. Il écrit dans son registre « C’est à remarquer que tous les samdys de chaque semaine doit être ditte a l’autel de Notre Dame, une messe  basse a l’intention des sœurs cy après nommées et au bout de l’année un service pour le repos des Ames des défuntes sœurs. Pour ces deu, vingt deux livres au sieur curé, et six livres pour que douze grandes messes du Rosaire …  au premier mercredi du mois ».

La Donation du Rosaire
Les confréries dédiées à la vierge, particulièrement nombreuses au XVIe et XVIIe siècle dans le Blaisois et le Vendomois, selon l’étude de Marc Bouyssou (2), ont pour objet : « de porter le corps des confrères défunts, d’assister à ses obsèques, de faire célébrer des messes et sans doute d’entretenir l’autel de la vierge. … La confrérie du Rosaire est étroitement associée depuis son origine au XVe siècle à l’ordre de Saint Dominique  et ce sont toujours des religieux du couvent blésois qui président à son érection. … Après sa fondation, la confrérie reste dans la mouvance dominicaine… sur le tableau surmontant l’autel de sa chapelle sera représentée « Notre Dame donnant le chapelet à saint Dominique … sans nulle autre image qu’en habit de saint Dominique ».

Et, que trouve-t-on à l’église Saint-Nicaise, dans la chapelle dédiée à la Vierge : une huile sur toile du XVIIe siècle, La Donation du Rosaire !


Le tableau a été offert par Marguerite JOBINET, comme ex-voto. Qui était-elle ?  On ne la retrouve pas parmi les sœurs du Rosaire. On note simplement que la grand-mère de Charlotte BOURDONNEAU est née JOBINET. [Tiens donc, coïncidence ? Peut-être pas mais une autre enquête à suivre...]


2. Une confrérie du Rosaire active à Bracieux tout au long du XVIIIe.

Revenons à la confrérie, elle est nommée diversement selon les pages du registre : confrérie Notre Dame, confrérie du Saint Rosaire ou confrérie Notre Dame du St Rosaire. En 1682, le curé liste 104 sœurs appartenant à la confrérie qui est exclusivement féminine.

Divers signes et codes devant chaque nom permettent au curé de suivre « l’engagement » de chacune. Il tient à jour la liste des sœurs sur plusieurs années. Un gros point noir dans la marge signale celles qui ont fait défaut assez tôt. Certaines sont marquées « morte », avec l’année du décès. Elles bénéficient alors d’un service particulier de prières et de messes. Certains noms sont rayés. Un commentaire en donne parfois le motif. Ainsi pour Marie Bourdonneau, la tante de Charlotte : « Elle n’en veut plus être parce qu’on a rayé son gendre de la confrérie du St Sacrement. ». Et en face du nom de sa fille, Margueritte Rotte « Rien non plus parce qu’on a rayé son mari de la confrairie du St Sacrement ».

Année par année, le curé note les nouvelles adhésions : 25 de plus en 1683, 11 en 1684, 7 en 1685, 5 en 1686. En 1694, Jacques BOURGUIGNON succède à Michel RANGEARD comme curé de Bracieux. En 1695, il remet à jour complètement la liste des sœurs : 97 noms. Ce sera ensuite Etienne François MARIAU qui prendra en charge la confrérie, de 1724 à 1755, puis Pierre Etienne François MARIAU de 1755 à 1780.

Chaque année, une Reine de la confrérie est nommée (élue). Ce peut-être une personne ancienne dans la confrérie ou bien nouvellement arrivée. Le curé, scrupuleusement, note sur son cahier en face du nom de la sœur, « reine » ou « reyne », c’est selon :
-          Anne Mariau en 1682
-          Marguerite Defains en 1687
-          Charlotte Bourdonneau en 1688
-          Marguerite Farineau en 1689
-          Marguerite Remissou en 1690
-          Marguerite Ledet en 1693
-          Anne Labbé en 1695, etc.

Si aucun homme ne figure sur les listes du Rosaire, certaines sœurs sont en revanche également membres de la Confrérie du Saint-Sacrement. C’est le cas par exemple de Marguerite DEFAINS, mentionnée en 1684 parmi les « frères du St Sacreman ».

Chaque année, la confrérie paye son dû au curé « Ce neuf avril 1725, les sœurs de la confrérie ont payé neuf sols et un liard. J’ay reçu vingt-six livres un sol et six deniers pour l’année mille sept cent vingt-cinq. Cinq sœurs marquées à la marge n’ont pas payé. »

En 1729, figure sur la liste « Marie Louise du Keroit, femme de Monsieur d’Herbault, seigneur de cette paroisse », en fait, Marie-Louise de KEROUATZ, la femme de Georges phelypeaux. En 1772, la liste des sœurs du rosaire commence par « Madame Phelypeaux, comtesse d’Herbault », probablement Marie-Adélaïde de STURM qui a épousé Jean-Frédéric phelypeaux. Suivent encore 96 noms.

Le registre se termine à la fin du XVIIIe siècle. Les confréries furent abolies au moment  de la Révolution française, par un décret daté du 18 août 1792. Certaines confréries du Rosaire ont poursuivi leurs activités de prière au XIXe. Quand fut-il pour Bracieux ?


Pour aller plus loin
·         Pour en savoir plus sur la confrérie du St Sacrement, lisez l’article La confrérie du St Sacrement
·         Pour en savoir plus sur les curés de Bracieux, lisez l’article Les curés de St-Nicaise


Sources
-         (1) Société archéologique et historique de l’orléanais – Mémoires de la société archéologique de l’Orléanais 1851-1950. Note : homme de corps = serf, mense = maison, métairie
-         (2) Confréries religieuses en Blaisois et en Vendômois, Marc Bouyssou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Tome 98, 1991   
        (3) Article de MR GEORGES CORDIER : mavilledeblois.overblog 
        (4) Registres paroissiaux de Bracieux  1671-1681


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