Monsieur Hippolyte, instituteur à Bracieux assumait également les fonctions de secrétaire de mairie ...
Témoignage de Guy Doireau
Les mariages s’organisaient souvent
le samedi, Monsieur HIPPOLYTE [à la fois instituteur et secrétaire de mairie] nous
informait en cours de matinée de son absence, pour enregistrer la cérémonie, à
la mairie proche de l’école. Cet éloignement de courte durée, nous laissait
seuls et sans surveillance dans la classe, et malgré les avertissements
préalables de notre maître donnait lieu très souvent à quelques chahuts
difficiles à maîtriser.
Je conserve le souvenir d’une absence qui devait avoir
de fâcheuses conséquences pour mes vêtements ! Les premiers mouvements se
manifestèrent par une bataille de casquettes, et la mienne fut projetée vers
une armoire à deux corps, au bord de laquelle se trouvait un verre rempli
d’encre. J’allais récupérer ma coiffure, lorsqu’un second projectile fit basculer
le verre qui tomba à mes pieds, l’encre scolaire violette répandue sur une
partie de mes vêtements ! Je regagnais ma place rouge de confusion, et
imprégné de liquide violet, honteux de ma situation.
C’est alors que
Monsieur Hippolyte apparut, et sa colère explosa ! L’auteur de cette
catastrophe, plus ou moins responsable, fut désigné, giflé à plusieurs
reprises, et un plumier à portée de main servit d’instrument pour couronner la
sanction !
Mon aspect ridicule avait
déclenché une formidable rigolade dans la classe, ce qui ne fit qu’augmenter le
courroux de Monsieur Hippolyte.
Je n’ai pas de souvenir précis
sur la suite de cet « accident » si ce n’est l’indignation de ma
mère lorsque j’apparus à mon retour à la maison, mettant en cause l’absence de
l’instituteur, et sa contrariété devant l’étendue des dégâts
vestimentaires.
Cependant cet événement fut
l’objet de joyeux entretiens au cours des récréations, mais Monsieur Hippolyte
réagit en instaurant une discipline rigoureuse, et la promesse de sanctions en
cas de récidive. Le calme revenu, le maître reprit son enseignement, faisant
preuve d’une surveillance accrue, toujours en alerte sur le comportement de ses
élèves.
J’entends encore ses colères,
lorsqu’il descendait de son bureau, le porte-plume entre les mâchoires, et
après la tempête, nous déclarant d’une manière conciliante : « Sales gosses tout de même ! »
Cette phrase bien établie
ressemblait fort à un pardon, à l’intention de toute la classe.
Source : La Belle Enfance, Guy Doireau, 2012, avec l'autorisation de sa fille
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